LE MONDE - Jeudi 17 Janvier 2002
Sélection disques jazz par Sylvain Siclier
Partie à La Nouvelle-Orléans pour s'imprégner des vibrations
et de l'histoire de la cité native du jazz, Liz McComb, plutôt
connue comme chanteuse de gospel, en a ramené un enregistrement qui,
à ce jour, se révèle comme son plus abouti. Fille de pasteur,
née à Cleveland, Liz McComb a une indéniable " présence
" vocale, une manière émouvante de donner corps aux mots,
qui ont pu parfois être cachées par trop d'effets rentre-dedans.
Entourée de musiciens qui transmettent le swing et le blues aux spirituals,
Liz McComb équilibre les airs traditionnels (Just A Closer Walk With
Thee, You Gotta Move) et ses compositions (The Big Mess, We Are More, à
ravir les anges). Interprète entière, Liz McComb trouve avec The
Spirit of New Orleans une vérité d'artiste.
1 CD EMI 7243 536674-2
LE FIGARO - Jeudi 10 Janvier 2002
Les disques de la semaine
Sélection réalisée par Jean-Luc Wachtausen et Christian
Merlin
Sixième album de la prêtresse du gospel qui s'offre un détour
par La Nouvelle-Orléans qui fut le berceau de Mahalia Jackson et de Louis
Armstrong. Une sorte de pèlerinage aux sources du gospel et du negro
spiritual pour la pianiste et chanteuse qui reprend ici avec beaucoup de ferveur
et d'humilité quelques traditionnels comme " Over My Head ",
" I Know It Was The Blood ", redonne corps à un classique ("
Old Man River ") et glisse ses propres compositions (" The Big Mess
", " Broken Heart ", " 30 Pieces of Silver ") qu'elle
illumine de sa voix expressive. Allelujah ! (EMI.)
LA CROIX - Mercredi 26 Décembre 2001
Liz Mc Comb porte haut les couleurs du gospel
Liz Mc Comb, c'est d'abord un profil, acéré. Installée
seule au piano, battant bruyamment la mesure du pied, elle déroule ses
doigts sur les touches en élevant une voix grave. Elle chante des paroles
en forme d'hommage à Dieu et à l'amour, et se balance doucement
pour entrer en transe, comme elle a dû le faire si souvent dans les temples.
Car la chanteuse noire américaine ne badine pas avec le gospel, cette
musique sacrée chrétienne des Afro-Américains, qu'on appelle
aussi negro spiritual.
" J'ai la foi, j'ai besoin de croire. Vous n'êtes pas seul, je ne
suis pas seule. C'est impossible de faire de la musique sans la foi, en tout
cas pour moi. Je n'ai jamais douté, jamais ", affirme-t-elle avec
fierté. Avant toutefois d'ajouter en aparté : " Enfin, presque.
"
Elle n'est jamais aussi humaine que lorsqu'elle raconte comment, dès
trois ans, elle chantait à l'église. " J'ai commencé
sur les genoux de ma mère, au temple ", confie-t-elle en souriant.
Une mère qui fut l'une des premières femmes pasteur de l'Eglise
pentecôtiste, branche la plus africaine du protestantisme américain.
Et si Liz s'efforce de porter la bonne parole du gospel hors de son pays, elle
n'oublie jamais qu'il incarne aussi la douloureuse histoire des Noirs américains
; une histoire qui a inspiré plusieurs chansons sur son nouvel album.
" Mes ancêtres avaient l'espoir, ma grand-mère aussi, je suppose
que cela se transmet dans la famille ", affirme-t-elle sereinement. En
souvenir de son enfance, elle a choisi un portrait d'elle à l'âge
de 7 ans pour la couverture de ce sixième disque, The Spirit of New Orleans.
Native de l'Ohio, elle est partie enregistrer ses compositions dans la ville
mythique du jazz, qui fut aussi le berceau du gospel. Là-même où
naquit Bessie Griffin, chanteuse qui l'emmena en tournée avec elle dans
toute l'Europe voilà déjà vingt ans.
Liz est restée vivre en France, là où " les gens sont
ouverts à l'art ". Entre deux allers-retours aux Etats-Unis, elle
voyage, poussant récemment jusqu'en Israël. Et les troubles de notre
époque lui inspirent cette réflexion : " Je crois aussi en
l'être humain ".
Catherine Weibel
LE PARISIEN - Samedi 22 Décembre 2001
Liz Mc Comb fait swinguer Noël
Chaleur et dépaysement, voilà ce que procurent les chansons du
nouvel album - le sixième de sa carrière - de la chanteuse américaine
Liz Mc Comb. Douze morceaux de gospel, parfaits à écouter en cette
période de fêtes, qui nous propulsent immédiatement dans
ces églises animées du sud des Etats-Unis, où la foi se
célèbre par des chants et des claquements de mains.
Une merveille
Enregistré en avril dernier à La Nouvelle-Orléans, berceau
du jazz et du gospel, ce disque est une merveille pour les oreilles et pour
le cur. Et Liz Mc Comb, fille de l'une des premières femmes pasteurs,
transmet avec passion ce style, porté par une fusion de churs et
de cuivres et le sublime de sa voix rauque.
Parmi les titres qu'elle a écrits et composés, on citera "
We are More " et " Broken Heart " et, pour les chants traditionnels,
" Over my Head " et " You've Got to Move " (littéralement
" Tu dois bouger " ), comme les plus entraînants.
De quoi mieux connaître cette chanteuse, qui, avant de résider
en France et de se produire dans nos plus grandes salles (Casino de Paris, Théâtre
des Champs-Elysées, Olympia), avait assuré, dès 1983, les
premières parties de ray Charles et James Brown. Un gage de qualité.
Bérangère Adda
JAZZMAN / N° 74 - NOVEMBRE 2001
****
la chanteuse et pianiste Liz McComb a fait le voyage pour se baigner
dans l'atmosphère si particulière de la Cité du Croissant
et rencontrer, sur un répertoire de negro spirituals traditionnels et
de gospel songs, une solide brochette de musiciens locaux bien connus là-bas
dans le monde de la soul et du jazz. Et la fusion a opéré à
merveille. (
) la chanteuse a embarqué tout son monde dans un tourbillon
généreux mais sans débordements excessifs et factices ;
Liz McComb possédant en effet un très grand contrôle de
son expression et de sa musique. (
) l'ensemble du disque, parfaitement
composé, équilibré et varié dans les accompagnements,
ne pourra que toucher les auditeurs sensibles. Une belle réalisation.
Jean Buzelin
JAZZHOT / N° 587 - FEVRIER 2002
INDISPENSABLE
Disons-le tout de suite, ce sixième album est certainement le plus beau
disque de Liz, en tout cas le plus touchant. Le livret nous rappelle que Louis
Armstrong était un grand chanteur de gospel et nous présente Liz
comme sa fille en gospel ; je pense que c'est juste et ça situe le niveau
de la chanteuse. Dans " Just a Closer Walk With Thee " elle atteint
la grandeur de son idole Mahalia Jackson. La voix, le rythme, le feeling, tout
rappelle le chef-d'uvre de Mahalia qu'est son " In the Upper Room
". Elle y est bouleversante, écouter sa reprise après ce
curieux solo de trompette qui est une sorte de prière naïve mais
si chargée d'émotion et de ce vieil esprit new orleans dont le
pari de Liz est de le restituer. Mission accomplie par elle, qui étant
de l'Ohio est allée se baigner dans les profondeurs de la Cité
du Croissant et a enregistré en parfaite communion avec des musiciens
locaux.
On oubliera un " Old Man River " curieux, mais tous les autres thèmes,
qu'ils soient des traditionnels ou des compositions de Liz, comme cet extraordinaire
" We Are More " avec une mélodie qui semble venue des origines
du gospel, sont ravissantes au sens fort du terme, c'est-à-dire qu'ils
vous emportent. A noter les belles lignes de basse traditionnelles de Donald
Ramsey qui galvanisent les groupes et assoient les morceaux dans le jazz, dont
Liz est si proche.
La voix de Liz, toujours habitée par la foi, a pris de l'ampleur, du
grave, de la raucité. Liz se livre totalement, corps et âme, avec
la conviction et l'impact du preacher. Elle nous rappelle musicalement et magnifiquement
que La Nouvelle-Orléans est vraiment la mère du jazz.
Serge Baudot
SOUL BAG - Hiver 2001 - N° 165
Enregistré à La Nouvelle-Orléans en hommage aux deux gospel
divas de la ville, Bessie Griffin et Mahalia Jackson, ce disque peut être
considéré comme le meilleur de Liz Mc Comb. Non pas que les enregistrements
précédents soient à négliger, mais on trouve ici
un véritable équilibre entre des objectifs de production ambitieux
et spontanéité d'une voix qui sait habiter tout ce qu'elle interprète
avec une rare ferveur. Le mélange chur-brass band de Over my Head,
la partie de tuba de Kirk Joseph sur Just a Closer Walk with Thee, le groove
installé par le batteur de Wynton Marsalis, Herlin Riley, et le percussionniste
historique de Pr. Longhair, Uganda Roberts, sur We are More ne comptent pas
parmi ces artifices de studio comme on en rencontre çà et là,
mais sont bien des vrais éléments de swing qui placent Liz dans
des conditions optimales pour exprimer toutes ses qualités. Il flotte
ici cette émotion et ce feeling sans lesquels la reprise de tels standards
ne serait, au mieux, que réplique servile. Je ne peux pas vraiment dire
qu'Old Man River fasse partie de mes thèmes de prédilection, mais
ce qu'en fait Liz, passant en douceur et légèreté là
où on aurait pu redouter un côté formel emphatique façon
Paul Robeson, est bien la confirmation de la qualité de l'ensemble. De
même, la superposition de la voix et du piano avec l'accordéon
de Sunpie Barnes transforme le traditionnel You've got to Move en une espèce
de ballade swamp que n'aurait pas renié Katie Webster. Le passage entre
cette ambiance paresseuse et la tension qui règne tout au long d'Ain't
no Grave résume à lui seul tout l'intérêt d'un disque
où les changements de climats ne font que souligner la palette de cette
chanteuse, dont la sensibilité à fleur de peau, si flagrante en
concert, parvient là à bousculer le côté figé
du studio. C'est donc bien une grande dame de la musique afro-américaine
qui réside chez nous depuis plusieurs années. Que notre sens très
hexagonal du paradoxe ne nous le fasse pas trop oublier. Les " j'ai trop
vu de concerts de Memphis Slim " des éternels blasés-ronchons
résonnent a posteriori avec une cruauté que la nostalgie a du
mal à atténuer
Stéphane Colin
PARIS CAPITALE - Décembre 2001 - N° 75
Nature ! Elle est nature cette Liz Mc Comb qui fait salle comble à chacun
de ses passages sur scène. Avant de revenir enchanter Paris, sa terre
d'accueil, cette reine du gospel part en tournée aux Etats-Unis, où
l'on se décide enfin à reconnaître l'évidence de
son talent. Pour nous faire patienter, deux disques punchy sortent en cette
fin d'année.
Il était une fois
Liz Mc Comb
Pour réussir dans le show business, il y a deux méthodes. Soit
vous êtes pris en charge par une grosse maison de disques qui vous fera
courir sur les plateaux de télé et multipliera les campagnes de
pub, soit vous faites vos preuves comme un(e) grand(e) face au public. C'est
la seconde démarche qu'a adoptée Liz Mc Comb : bonne pioche !
En dix années cette chanteuse et pianiste a amplement convaincu, délivrant
sa bonne parole et sa fière musique d'églises de salle en salle,
devant une audience de plus en plus large.
A priori, le pari était loin d'être gagné, car le registre
choisi par cette Afro-américaine est le gospel, genre musical sacré
et populaire qui n'a pas les atouts de la disco ! pourtant, le public français
est comme entré en transe à l'écoute d'une voix qui s'inscrit
dans la tradition des Mahalia Jackson et autres Marion Williams. Pour comprendre
cette fulgurante ascension, il faut également se souvenir que Liz Mc
Comb, originaire de la cité industrielle de Cleveland-Ohio, est la fille
d'une des premières femmes nommées pasteur aux Etats-Unis. Et
pas dans n'importe quelle église, puisqu'il s'agit de celle des Pentecôtistes
dont les offices sont réputés être les plus enthousiastes.
On imagine l'enfance de Liz dans une telle atmosphère survoltée,
et les rêves qui l'assaillent quand elle se rend compte que sa voix est
celle d'une mezzo soprano
Voilà vingt ans, ses débuts sont tonitruants. On la retrouve à
l'affiche de grands festivals européens où elle est programmée
en première partie de petits jeunes comme Ray Charles ou James Brown
Déjà, Liz n'a pas froid aux yeux ni aux cordes vocales. Sur les
routes d'Europe puis d'Afrique, le destin de cette explosive chanteuse se confirme
: celui d'une anti-star que personne n'empêchera d'exprimer sa foi. Ses
paroles d'Evangile, le gospel donc, prennent de l'ampleur car Liz n'est pas
sectaire. Elle n'est en effet pas insensible aux sortilèges qui émanent
des musiques proches de son répertoire. Blues ; jazz, soul, funk enrichissent
son chant, de même que les orchestrations de ses compositions et de ses
adaptations d'airs traditionnels.
The Spirit of New Orleans, son nouveau disque enregistré en Louisiane,
en apporte la preuve. Là, entourée de solides et inspirés
musiciens, elle livre douze chants d'apôtre qui devraient faire grimper
au rideau - en attendant de monter au ciel ! - tous les amateurs de musique
authentique et profonde. En complément de cette nouvelle salve d'hymnes
divins, on peut aussi trouver dans les bacs L'Essentiel, un album anthologique
couvrant les dix années de carrière discographique de la saine
et sainte Liz. Remarqué et très apprécié dès
sa sortie aux Etats-Unis, ce disque devrait connaître un beau succès
en France, ce pays qui permit à Liz d'affermir sa voix et sa foi. Hallelujah
!
M.G.