Liz Mc Comb a grandi à Cleveland, Ohio, où sa mère,
l'une des rares femmes promue pasteur-prédicateur anime une petite communauté pentecôtiste,
branche la plus africaine du protestantisme américain.
On y pratique un Gospel particulièrement frénétique, forme moderne des vieux « negro-spirituals ».
Avec son ample
voix de mezzo souverainement expressive, Liz aurait pu choisir
une carrière classique. Mais suivant l'exemple de Mahalia Jackson,
elle a décidé de consacrer sa vie au Gospel, et de le faire sortir
de la pénombre des églises : d'abord membre des Jean Austin Singers,
Liz devient une des vedettes de la tournée Roots of Rock'n'Roll
qui lui fait découvrir l'Europe. Après la Suisse et l'Allemagne,
c'est désormais en France qu'elle revient le plus souvent.
Dès 1981, Liz
se produit au Festival International de Montreux aux côtés de
Bessie Griffin, Taj Mahal & The Mighty Clouds of Joy, Luther
Johnson Jr et Koko Taylor. Les festivals se succèdent jusqu'à
ce que sa formidable puissance scénique lui permette d'assurer
les premières parties de Ray Charles et James Brown. Son nom se
retrouve ensuite en tête d'affiche des salles les plus prestigieuses
: entre autres le Casino de Paris, le Théâtre des Champs-Elysées,
l'Opéra de Lyon et plus récemment l'Olympia, où ses concerts en
faveur des exclus lui ont fourni la matière d'un cinquième album
: Olympia 1998 Live.
Son album précédent,
Time is Now (oct.96), enregistré en studio à L.A., a obtenu le
Prix Mahalia Jackson, offrant ainsi à Liz la reconnaissance
de ses pairs.
Enfin, un «
Best Of »" Une Musique : Le Meilleur de Liz Mc Comb (déc.98),
dresse le bilan provisoire et passionnant de cette « Extrémiste
de l'Amour » qui véhicule à travers le Monde, avec son Gospel
Jubilatoire, le plus généreux aspect de la culture américaine.
Dans la série Jazz Collection, ARTE, dans son film de 52' «
Le Gospel selon Liz Mc Comb », l'a justement désignée comme
l'héritière de la lignée des reines du Gospel.
Son succès phénoménal place Liz Mc Comb à l'avant-garde de cette
renaissance du Gospel sur la scène européenne, qui aura surpris
tout le monde, et qui n'a sûrement rien d'une mode éphémère ;
il suffit pour s'en convaincre d'écouter n'importe lequel de ses
9 albums personnels.
Noël BALEN Histoire du Negro spiritual et du Gospel
De l’exode à la résurrection
Fayard
Installée en France depuis plusieurs années, cette chanteuse née à Cleveland dans l’Ohio, est issue d’une longue lignée de pasteurs. Toute sa jeunesse, elle participe aux chorales pentecôtistes de son quartier et, douée d’une voix de mezzo qui aurait pu la prédestiner à une carrière exceptionnelle d’artiste de rhythm’n blues, elle préférera se consacrer aux louanges d’un Dieu dont elle ne peut s’éloigner. LIZ MC COMB sera une des solistes du groupe Jean Austin Singers. En 1979, c’est en compagnie de Bessie Griffin qu’elle fera sa première visite sur le vieux continent. Elle partagera son temps entre ses concerts aux Etats-Unis et de nombreuses tournées européennes jusqu’à ce que sa participation au spectacle « The roots of rock’n roll » la conduise à Londres. Elle travaille alors régulièrement dans les plus prestigieux festivals d’Europe, assurant bientôt la première partie des concerts de James Brown et Ray Charles. Avec Gregg Hunter, Jerome Van Jones et la pétulante Lavelle, tous vocalistes et pianistes, elle fonde le groupe Psalms qui écume les scènes. Sa carrière personnelle va se construire par graduation, accumulant les expériences scéniques et les productions discographiques avec le souci de toujours bien faire, de s’améliorer, d’essayer de nouvelles combinaisons, de rendre hommage à son Créateur avec dévotion et dignité. Faisant preuve d’un bel éclectisme, son répertoire s’articule autour d’un panachage bien dosé de spirituals traditionnels, de compositions personnelles, de blues du Sud ou de jazz urbain. Chanteuse généreuse et bouleversante, pianiste robuste et torride, LIZ MC COMB ne se laisse aller à aucun effet de surenchère pathétique, ni à aucune dramaturgie emphatique. Son chant reste limpide, gorgé de vie, libre et porteur de joie, gonflé d’espoir et de compassion. A propos de Time Is Now, l’un de ses titres les plus émouvants, elle précise une démarche qui correspond bien à cet état d’urgence et à cet appel spontané du cœur qui la caractérisent : « C’est ce que nous faisons maintenant qui compte et non ce qu’ont fait nos ancêtres. » Toujours prompte à jouer dans des concerts de soutien, dans les prisons ou dans les galas de charité, LIZ MC COMB offre sa voix aux déclassés, aux exclues, aux parias, à tous ceux que personne n’écoute et qui se sentent damnés. Les messages d’amour de cette pasionaria effacent bien des souffrances.
Discographie
LIZ MC COMB
Time Is Now (Back To Blues 10096)
L’essentiel de Liz Mc Comb – Fire (Back To Blues 11012)
Si l’on respecte une écoute chronologique de l’œuvre discographique de cette prêtresse inspirée, on s’aperçoit vite de son évolution musicale et de sa maturation artistique au fil des ans. Tant au niveau de la réalisation qu’au plan émotionnel. Loin d’être une vulgaire compilation de ses hits, le CD qui s’annonce « l’essentiel » de son parcours est bel et bien une anthologie représentative de sa personnalité. Cette chanteuse généreuse et flamboyante ne peut être réduite à quelques tubes. Sa profonde humanité, sa liberté et sa tolérance dépassent le cadre du monde du spectacle. Certes, chaque nouvel opus s’avère plus accompli que le précédent mais il ne faut surtout pas bouder les premiers émois (notamment le sublime Time Is Now) d’une chanteuse restée toujours fidèle à sa foi et à son art.
MON AUTOBIOGRAPHIE
Ma famille a toujours baigné dans la musique. Je n'avais que trois ans quand ma mère m'a fait répéter mon premier solo. J'étais en admiration devant l'une de mes soeurs aînées, je m'asseyais auprès d'elle pour la regarder jouer du piano et je lui disais : "un jour, j'en ferai autant!"
Trois de mes cinq soeurs formaient un groupe baptisé "The Daughters of Zion", qui était la coqueluche de toutes les églises de notre quartier de Cleveland. Je voulais chanter avec elles mais j'étais bien trop petite et elles m'envoyaient promener. Cela ne m'empêchait pas de chanter devant un manche à balai en guise de micro et en m'accompagnant avec des cuillères ou des bouteilles de soda.
J'avais une grosse voix, pour une petite fille.
Ma mère était si fière de moi qu'elle me poussait toujours à chanter pour nos invités, mais j'étais très timide.
Mon premier instrument a été le violon, mais je n'arrivais pas à le faire sonner comme je voulais.
Mon inclination a toujours été pour le piano.bien longtemps après, un soir, le pianiste de mon groupe jouait si mal que j'ai dû le remplacer.et j'ai eu tant de succès que je m'y suis mise.
A la maison, le gospel était tout notre univers. J'écoutais Mahalia Jackson, les Staple Singers et d'autres géants de cette musique. J'avais fait de Mahalia mon modèle, elle était mon idole ; pendant que mon seul frère était trompettiste de jazz et il adorait cette musique ainsi que le blues. Il m'a fait écouter de nombreux jazzmen légendaires comme Charlie Parker, Nat King Cole ou Max Roach, mais il aimait aussi Mahalia Jackson.
Chez nous c'était un vrai temple de la musique, et ma mémoire résonne encore de trompettes, de batterie, de piano et de chants merveilleux. C'était toujours de notre maison que s'échappaient des chants et des musiques que les voisins écoutaient du pas de leurs portes. Les amis passaient juste pour s'en mettre plein les yeux et les oreilles.et parfois ma maman mettait un grand plat au feu pour notre nombreuse famille et nos amis, tandis que mes sours et moi nous leur mettions le feu par notre musique.
Mon apprentissage musical formel n'est venu qu'ensuite, avec des leçons particulières, l'école et la troupe de théâtre coopérative Karamu House, qui m'a mis en contact avec d'autres artistes en herbe.
Ma vie a connu un premier tournant quand une dame nommée Annie Moss m'a invitée à voyager en Europe, via New York où j'ai passé des auditions pour des "musicals" de Broadway. J'ai été recrutée pour un spectacle itinerant baptisé "The Roots of Rock'n'Roll".
Cela m'a permis de côtoyer en tournée nombre d'artistes merveilleux comme Bessie Griffin, Taj Mahal, Randy Weston, Helen Humes et bien d'autres qui ont changé ma vie et m'ont fait prendre un nouveau départ. J'ai été ainsi amenée à tourner en Europe : en France, en Suisse, en Allemagne, en Espagne et en Italie, à plusieurs reprises.
A la fin de cette période, je me suis établie en Suisse et je me suis produite dans les Festivals de jazz de Montreux, La Haye et Barcelone. Par la suite, j'ai joué avec des musiciens locaux, et j'ai été choisie pour assurer les premières parties des spectacles de Ray Charles, de James Brown, de Memphis Slim ou de Luther Allison.
Puis j'ai déménagé à Paris, où j'ai rencontré d'autres grandes figures locales du jazz avant d'y fonder Psalms, un groupe de gospel très éphémère.
A la fin des années 1980, après la dissolution de Psalms, on m'a présenté l'inimitable Gérard Vacher, qui est devenu mon impresario et mon producteur.
Liz McComb traduit de "An Autobiography by Liz McComb" Inside Arts, Nov 2.000
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