Pour les traditionnels concerts de fin d’année à l’auditorium (18,19 et 20
décembre) la direction de l’ONL avait choisi de nous présenter l’orchestre en
grande formation avec en invité de choix la diva « soul jazz gospel » Liz
McComb dans un répertoire minutieusement choisi et préparé.
Placé sous la direction du jeune chef d’orchestre Kristjan
Järvi qui est aussi à l’aise dans le grand répertoire que dans les
musiques plus contemporaines, l’ONL nous a présenté en première partie une œuvre
du compositeur argentin Alberto Ginastera (Ballet Estancia) très influencée par
le folklore de sa terre natale et une suite symphonique du compositeur mexicain
Silvestre Revueltas (La noche de los Mayas) qui met particulièrement en avant un
jeu subtil de percussions classiques et traditionnelles.
Après cette première partie dépaysante par ses rythmes d’Amerique latine, la
voix splendide de Liz Mc Comb rejoint la grosse machine impeccable ONL pour un
répertoire plus familier des jazzophiles. Cela commence par le classique et
introspectif « Ol’Man River » (Jerome Kern) qui nous conduit directement sur les
bords du Mississipi, il est suivi d’une composition gospel de Liz McComb « Let
there be light » qui reste bien dans les émotions de la grande musique noire
américaine. Retour au grand jazz avec une composition de Duke Ellington « Come
Sunday » tiré de la suite « Black Brown & Beige » crée en 1943 et reprise en
1958 avec Mahalia Jackson ; la version que nous en donne ce soir l’ONL et Liz
McComb restitue toutes les profondeurs et les ambitions que le Duke avait
souhaité y mettre pour faire un parallèle avec l’histoire des Noirs Américains.
Le concert se poursuit avec de larges extraits de « Porgy & Bess » de
George Gershwin ou l’on retrouve bien sûr les standards que sont « Summertime » et
« It ain’t necessarily so » « I love you Porgy » mais ici avec orchestre
symphonique et la voix envoûtante de Liz McComb l’œuvre prend une autre ampleur
beaucoup plus proche de la dimension opéra que recherchait G. Gershwin.
Les rappels sont l’occasion d’un retour dans l’univers plus habituel de Liz
McComb avec notamment les reprises de la balade « Silver & gold
» et de
l’hymne « Peacemakers » tiré du dernier projet de la chanteuse « Soul Peace and
love ».
Pampa et malambo, mayas et percussions latines, Mississsipi et tonalité
"blues", jazz et Broadway , ONL rutilant et grande voix noire gorgée de soul et
de gospel, voilà un bel exemple d’ouverture, de diversité et d’universalité
proposé dans un seul et même concert. Tout un symbole pour cette fin d’année et
d’espoir pour la prochaine !
Gérard Brunel
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