Festival Jazz à Vienne
(juillet 99)
Les voix de l'émotion sont
pénétrables
Aprés une ouverture en demi-teinte de Fontella Bass,
Liz Mc Comb, portée par la grâce, a
conduit les 8000 spectateurs du Théâtre antique vers
des sommets proches des cieux bénis du Gospel.
Si
les voix du Seigneur demeurent impénétrables, celles de l'émotion
générée par le Gospel, cette musique qui lui est dédiée, ont
bel et bien été atteintes par les 8 000 spectateurs du thé’tre
antique, hier soir.
En
première partie, le répertoire de Fontella Bass a longtemps
coulé en une sobre rivière devant un public nimbé des derniers
feux du soleil couchant. Oscillant entre des ballades
quasi sirupeuses et une musique bien loin des élans d'injustice
et d'espoir du Gospel, le set semblait rapidement sombrer dans
une plate monotonie.
Quand on pu enfin entendre déferler le tempétueux fleuve de
la soul, mêlé de l'affluent du rythm'n'blues qui a fait la renommée
de la chanteuse de Saint-Louis, ville baignée de toutes ces
influences.
La cascade génératrice du bonheur sublimé naissait quand les
musiciens invitaient le public à se lever. Comme s'il
n'attendait que ça, le Thé’tre antique se dressait comme un
seul homme. Chauffé à blanc, le public était prêt à glisser
dans les trombes du legendaire "Rescue me" qui révéla
la chanteuse en 1967. Si la fosse n'avait pas l'allure
de mer déchaînée de la veille pour la soirée brésilienne, elle
n'était plus ce fleuve tranquille des prémices de la soirée.
La " grand messe " Gospel était lancée, l'emblématique
Liz McComb pouvait faire son apparition.
D'emblée, le piano posait les pierres du fond d'une rivière
qui allait conduire le public à la mer divine.
La voix chaude s'installait et le Gospel de Liz McComb, clair
comme une source, coulait, sans fard inutile. " Lord Gloria
Alleluia ", les mots sont les mêmes depuis des lustres
mais ils portent droit au c¶ur. Et quand Liz se dressait
et entonnait certaines de ces paroles a capella, son hymne prenait
toute sa puissance.
Voix de l'amour, de la foi et de l'hommage au Seigneur, Liz
est porteuse d'un message qu'elle délivre avec une force et
une maestria sans pareil. Elle transcendait son public,
élevé vers les cieux. La communion était hier presque
parfaite -certains messages de la chanteuse étant malheureusement,
barrière linguistique oblige, ignoré par le public-. Mais
la voûte naturelle du thé’tre antique devenait au fil du show
épuré de Liz et ses " sisters" vraiment céleste.
Mué en écran, le thé’tre antique pouvait dès lors accueillir
le joyau de Stanley Donen; "Chantons sous la pluie ",
présenté par son réalisateur en personne.
Une chose apparaissait au final très clairement : par la gr’ce
de Dieu et de l'une de ses voix sur terre, Liz McComb, le public
viennois a hier tutoyé les étoiles.
Francois Le Stir, le Progrés
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