L'événement : Jazz à Carthage by Tunisiana : Concert de
Canizales et Liz McComb
Une soirée de feu
La
deuxième soirée de « Jazz à ,Carthage » a été consacrée à deux
genres totalement différents mais qui ont en commun la passion
et la pureté. De la guitare flamenco en première partie avec
Canizares, un magicien de la guitare, et du gospel avec Liz
Mc Comb et ses musiciens en deuxième pour un show de feu . |
La troisième partie,
une jam session endiablée,
a été une heureuse occasion et pour les mélomanes et les
musiciens de voir et d'écouter des artistes internationaux
improviser auprès des artistes tunisiens. Une autre dimension « kiffante » de cette
manifestation.
Le trio hispanique,
avec la simplicité de sa composition a assuré une musique complexe
faite d'improvisations épatantes. Canizares, doué d' une agilité et
d'ne sensibilité remarquable, a suscité l'admiration du public qui
s'extasiait devant cette performance technique hors pair. Au début,
on a l'impression que les morceaux se ressemblent, mais après
quelques notes, le guitariste s'emballe et emporte avec lui le
percussionniste pour une haute voltige. Cette complicité entre les
musiciens a rallongé les morceaux et exprimé alternativement la
violente passion puis le calme apaisant qu'inspirent les rythmes
flamenco. La virtuosité technique est évidente même pour les
profanes, et sa tendance à pousser les limites en a mis plein les
yeux au public amusé. Les musiciens présents parmi le public n'ont
pas cessé d'écarquiller les yeux et se pencher pour déceler les
secrets de la méthode. Un son pur, une exécution sans ratures, des
finishs sans failles qui ont été bien
applaudis.
Changement de décor
avec l'arrivée de Madame LizMcComb ; un piano et un organe annoncent
que le gospel sera la couleur maîtresse de cette deuxième partie de
soirée. Une petite intro au piano « Sit down servant » se transforme
peu à peu en fiévreuses louanges à Dieu. Sans surprise aucune, la
diva chante la fidélité à Dieu, le chemin du bien, la paix et la
fraternité...des thèmes bien inhérents au gospel. Une puissante voix
nuancée et une formidable présence au service des chants
spirituels...Ceux qui craignaient d'être bassinés par les «
spirituals » ont été surpris par des touches funky très modernes
ajoutées aussi bien à la musique qu'aux textes . Avec un punch
étonnant, la diva transforme les phrases, improvise et dirige ses
musiciens. Bertrand Richard à l'organe, Philippe Makaïé au tam-tam
et les autres musiciens suivent le rythme de la diva qui s'impose en
tant que pianiste. Elle effectue une touche jazz avec le
pianiste sur une
composition du Duke Ellington, une version de « twenty third song »,
un de ses projets sur son nouvel album. La surprise a été
incontestablement la version spéciale de « when the saints go marching
in », un gospel rendu très urbain avec les arrangements funk
réalisés par un jeune rappeur de 21 ans. Liz McComb a réalisé ce
titre à l'occasion du soutien des victimes de l'ouragan Katrina qui
a frappé la Nouvelle Orléans. La nouvelle version
est pétillante et le public ne tarde pas à réagir aux rythmes funk à
la limite hip hop ! A la fin , elle laisse la scène et descend
auprès du public pour être proche en chantant « i need you to keep
me from falling ». La fièvre gospel a contaminé tout le monde et le
finish se rallonge. La
diva a confié qu'elle a adoré la soirée et que l'ambiance l'a
beaucoup touchée. Le public ne dira pas le contraire.
Encore plus de passion
et de feu dans la jam session qui a vu une affluence record. Les
musiciens de l'Africana ont été ravis d'accueillir William Parker et son
trompettiste, le bassiste de LizMcComb Eric Vinceno , Amar Sundy et
les autres musiciens invités de Jazz à Carthage. Sadr Ben Slimane,
Mohamed Ben Said, Myriam Laabidi, Yacine Karoui ont assuré un show
spontané et passionné auprès des musiciens mondialement connus. Du
blues et du jazz en totale impro avec des artistes qui se sont donné
à fond, du coup personne ne voulait rentrer et la jam s'est achevée
tard dans la nuit. Les musiciens kiffaient, nous aussi. C'est tout
l'esprit du jazz, se rassembler pour improviser et atteindre des
sommets de plaisir.
Hager
ALMI
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