CLÔTURE DE LA 9E ÉDITION DU JAZZ FESTIVAL DE TABARKA
Amour, liesse et spiritualité
13 Juillet 2004
Liz Mc Comb, somptueuse chanteuse de gospel américain, «l’héritière de la lignée des reines du gospel» comme l’a qualifiée Arte dans son film, clôturait samedi dernier en apothéose la dernière soirée de la 9e édition du jazz festival de Tabarka. Cantatrice à la voix tonitruante et au souffle époustouflant, Liz Mc Comb au piano a tenu en haleine durant plus de deux heures et demie le public, l’invitant à aimer Dieu et les autres. La basilique où se produisent les artistes a failli se transformer en antre de prières. Son message: aimez-vous les uns les autres. On se serait quasiment cru dans une église et nous, les choeurs noirs de cette éminente chanteuse de gospel. La voix mezo ample et profonde de cette artiste américaine mettait l’assistance en effervescence d’où se dégageait une énergie incroyable en accord «sacré» avec la force spirituelle vers laquelle tendait Liz Mc Comb. Louanges, amour, paix, tolérance et fraternité, tels sont les thèmes abordés par cette sacrée bombe du gospel américain, dans un sursaut de croyance divine. Cela ne pouvait que ravir ces trois dames sénégalaises de foi musulmane. Aussi, ce n’est pas étonnant que Liz Mc Comb se soit produite il n’y a pas si longtemps au Festival de Fès des musiques sacrées du monde. Du gospel au blues, il n’y a qu’un pas que Liz a franchi avec beaucoup de grâce et d’élégance en rendant hommage à Ray Charles, l’autre monstre sacré du blues qui s’est éteint récemment. Pourquoi le gospel? Ne cherchez pas. Liz Mc Comb a grandi à Cleveland, Ohio, où sa mère, l’une des rares femmes promue pasteur-prédicateur, anime une petite communauté pentecôtiste, branche la plus africaine du protestantisme américain. On y pratique un gospel particulièrement frénétique, forme moderne des vieux «négro-spirituals». Dès 1980, Liz se produit au festival international de Montreux aux côtés de Bessie Griffi, Taj Mahal and the Mighty Clouds of Joy, Luther Johnson Jr et Koko Taylor. Les festivals se succèdent jusqu’à ce que sa formidable puissance scénique lui permette d’assurer les premières parties de Ray Charles et James Brown. Son nom se retrouve ensuite en tête d’affiche des salles les plus prestigieuses: entre autres le Casino de Paris, le théâtre des Champs-Elysées, l’Opéra de Lyon et plus récemment l’Olympia... Un «best of», le meilleur de Liz Mc Comb, sorti en 98, dresse le bilan passionnant de cette «extrémiste de l’amour» qui véhicule à travers le monde, avec son gospel jubilatoire, le plus généreux aspect de la culture américaine. Un succès phénoménal qui s’écoute sur n’importe lequel de ses cinq albums. Aussi, la présence de Liz Mc Comb au festival de Tabarka, nous le devons au producteur Yassine Harabeche. Un bon choix de sélection. On ne peut que féliciter cet homme au bon goût qui sait choisir ses «artistes». Placé sous l’égide du ministère du Tourisme et de l’Artisanat, l’Office national du tourisme tunisien, la Fédération tunisienne de l’hôtellerie et la municipalité de Tabarka, le festival de jazz de Tabarka 2004 prenait fin, après avoir apporté au public, aux estivants et autres journalistes algériens et tunisiens, du rêve, de la magie, de l’évasion et de l’émerveillement. Saluons également l’initiative des organisateurs ayant associé cet événement musical cette année, au combat contre le sida par le biais d’une association dynamique de prévention qui active sur le terrain depuis 1991. Musique en action est le plus bel exemple pour fêter comme il se doit ce festival dont la renommée internationale n’est plus à prouver. L’an prochain, le festival de jazz célébrera son 10e anniversaire à l’amphithéâtre qui ouvrira fraîchement ses portes pour accueillir des artistes et son fidèle public. D’une capacité de 6000 personnes, ce haut lieu de divertissement promet d’être une grande salle de spectacle avec toutes les commodités et l’efficacité indéniable des professionnels tunisiens.
Nous, Inch’Allah, on y sera! En attendant, reste le festival de la World Music en août prochain, qui promet des surprises et que du bonheur...
De notre envoyée spéciale à Tabarka O.HIND