OUEST-FRANCE (12-13 mai 2007)
Recueilli par Claude MAINE
Avec Liz McComb, le jazz invite le gospel
Formidable chanteuse de gospel, la belle dame croit en Dieu sans être grenouille de bénitier. Elle est demain sous les pommiers à Coutances.
Quel est votre parcours de chanteuse de gospel ?
Dans ma famille, on pratique autant la religion que la musique. Ma mère est l'une des rares femmes à être pasteur comme mon père dans une petite communauté à Cleveland dans l'Ohio aux Etats-Unis. J'ai commencé à chanter le gospel, la musique de Dieu, à l'âge de 3 ans, puis j'ai appris le piano, l'orgue et continué le chant. Le gospel est une forme primaire du jazz. C'est une musique du réconfort, celle avec laquelle les noirs américains, qui lorsqu'ils n'ont plus été esclaves, ont célébré l'émancipation de leur communauté et leur espoir de l'égalité entre hommes. Le gospel sort d'un cœur et touche tous les autres.
Vous ne chantez pas un dogme mais pour rassembler les gens ?
God is love : Dieu est amour. Dieu n'a jamais dit à l'un d'entre nous de tuer quelqu'un ou de faire mal. Moi aussi, je ne dis pas aux gens ce qu'ils doivent faire : leur vie est dans leurs mains. Je vis la mienne en n'étant qu'une servante de Dieu. Je chante aussi du rythm'n blues qui est une musique profane. J'aime Billie Holyday qui été une grande pécheresse et John Coltrane qui a cherché loin la dimension spirituelle de la musique.
Aujourd'hui, chanter du gospel peut-il aider les Afro-Américains ?
Oui, oui (elle l'affirme avec beaucoup de conviction). Car dans l'Amérique de Bush, le problème reste toujours l'éducation des Noirs Américains qui ne connaissent pas leurs droits. Quand on a la culture, on accède à la connaissance et au povoir. Quand on ne sait rien, on est maltraité. Vous savez, 80% des prisonniers aux Etats-Unis sont des Noirs. Pourtant, on ne peut pas blâmer les Blancs de tout. C'est aussi à nous de prendre en mains notre éducation. Chanter est donc pour moi une responsabilité.
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