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Thierry de LESTANG PARADE

 

Reims

Concert d'ouverture
Une lionne à la cathédrale

Le concert de Liz Mac Comb a affiché complet hier soir à la cathédrale. Un bon présage pour la suite des Flâneries.

D'EMBLÉE, comme un lutteur, elle conquiert l'espace. Liz Mac Comb ne se laisse pas écraser par la majesté des lieux, le poids de l'histoire de la cathédrale. Vêtue d'une robe ample immaculée, elle donne de la voix sans forcer. C'est un avertissement de lionne qui rugit. Seulement accompagnée d'une harpe, sa puissance apparaît encore plus palpable. Le micro semble vite inutile. « Joyful Joy » est sa relecture de l'Ode à la joie de Beethoven. Avec elle, le classique a même du swing. Elle balance son buste légèrement, claque dans les mains. C'est le jazz plein de vigueur qui arrive sur la pointe des pieds. Pendant la séquence blues, elle s'installe au piano. Sa voix est poursuivie par une pincée d'orgue. Les paroles ne comptent plus. Ce sont les émotions qui jaillissent. Le public, représenté par un millier de personnes, mesure la souffrance d'un peuple séparé de sa terre en partance pour l'inconnu.
Une intense émotion
 

A ce moment-là, des projecteurs promènent un halo gris sur l'artiste. Mais la mise en scène aurait pu se passer, sans doute, d'un tel artifice, face aux éblouissants vitraux de la cathédrale. Ils sont tellement lumineux qu'ils ne méritent vraiment pas d'être cachés par un voile disgracieux. Dans le registre des réserves, il faut aussi remarquer qu'au fond de l'édifice, il y a eu du son mais pas beaucoup d'image. L'installation d'écrans aurait permis pourtant à l'assistance de goûter au récital avec les yeux. Car le visage de Liz est plein d'expressions. Elle vit pleinement son répertoire jamais engoncé mais plein d'une fantaisie maîtrisée. Plusieurs chansons sont puisées dans son dernier disque « The Sacred Concert ». « Sweet Little Jésus Boy » est ainsi un cantique de Noël nimbé de piano. Liz Mac Comb ne s'en cache pas. Elle croit en Dieu mais ne verse jamais dans le catéchisme. C'est la reine du négro spiritual dans le plein sens du terme. Mais la chanteuse élargit aussi son répertoire.
Des vagues d'applaudissements saluent « l'Hymne à l'amour » immortalisé par Edith Piaf. Liz Mac Comb l'interprète en français. Tout le monde se lève pour saluer sa performance. La Lionne a dompté son public.



 

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